Nouveau bâtiment à l’ASDER : des skis de récupération pour le bardage !

L’ASDER innove avec un bardage à base de skis. Cette façade est l’occasion de promouvoir la réutilisation de matériaux typiquement savoyards et d’une manière plus générale le réemploi, moyen de lutte efficace pour diminuer les gaz à effet de serre (GES).

Genèse du projet de bardage en skis de récupération

Daniel Bouchet, architecte de métier et vice-président de l’ASDER nous explique la genèse du projet : la réutilisation et transformation de bungalows vétustes en une salle de cours confortable et thermiquement performante.

« A l’occasion du chantier d’un lycée, j’ai posé la question du devenir des bungalows qui avaient servi de salles de classe provisoires durant les travaux. Il se trouve que 6 d’entre eux n’avaient plus de destination. La Région AURA a accepté de les donner à l’ASDER en les livrant gratuitement à la Maison des énergies.  A partir de là, le challenge était de les rénover en les mettant aux normes sur le plan thermique, en le faisant essentiellement par le biais de chantiers pédagogiques avec les stagiaires en formation à l’ASDER et en utilisant le plus possible de matériaux de ré-emploi. Un groupe de travail issu du CA et de plusieurs salariés de l’ASDER a piloté le projet au gré du rythme pédagogique des sessions de la formation certifiante de Chef d’Equipe en Performance énergétique du Bâtiment de début 2019 à cet automne 2020. »

L’idée d’un bardage en skis de récupération naît de ses contacts professionnels avec Art Ski Tech, structure spécialisée dans la revalorisation de vieux skis. Daniel Bouchet travaille alors la question avec Thomas Schamasch, ingénieur engagé auprès d’Art Ski Tech. Plusieurs idées sont discutées, est retenue celle d’un bardage à base de skis sur la façade Est, bien en vue lorsque l’on arrive à la Maison des énergies « Ce sera ainsi l’occasion d’en faire une vitrine pour promouvoir la réutilisation de matériaux typiquement savoyards et d’une manière plus générale le réemploi, moyen de lutte efficace pour diminuer les gaz à effet de serre (GES)», souligne Daniel.

Choix esthétiques retenus par le CA

Pour une paroi esthétique, l’idée a été de travailler avec des skis de fond plus rectilignes que des skis alpins ou des snows. Daniel et Thomas ont travaillé sur un prototype qui a été présenté au CA déjà conquis à l’idée du réemploi de ce matériel. Pour l’architecte qu’est Daniel, « en alternant skis sombres et skis clairs sur fond noir, l’effet « code Barre » a guidé notre concept décoratif testé en atelier. C’est très important que le rendu puisse à la fois interpeller de loin et séduire pour venir s’intéresser de plus près au matériau choisi. »

« Ce sont environ 500 skis de fond rassemblés en 6 familles de teintes différentes qui ont été nécessaires pour réaliser cette œuvre ! » précise Thomas Schamasch, «les skis ont été sélectionnés, nettoyés et les trous rebouchés afin d’éviter la pénétration de l’eau dans le noyau. C’est grâce au travail de collecte et de stockage sur plusieurs années qu’ArtSkiTech est aujourd’hui en mesure de proposer une telle réalisation.»

Montage en respectant la charte graphique

Mise en œuvre sous forme de chantier participatif des salariés 

La mise en œuvre de ce bardage s’est opérée par un chantier participatif des salariés sous la houlette de Laurent Giry, artisan formateur qui a dû innover dans sa pratique avec la pose d’un tel matériau !

Une nouvelle vie pour les skis ?

L’ASDER s’est donc fourni auprès d’Art Ski Tech pour qui la réutilisation de skis est un enjeu fondamental : « Chaque année en France se sont 800 000 skis et snowboards qui ne reverront pour la plupart plus la neige. Ces éléments à haute valeur ajoutée, dont la structure composite les rend difficilement recyclables et polluants, ont bien mieux à faire que d’être brûlés. »* François-Xavier SIMIAN, président de l’Association Art Ski Tech, nous raconte : «  L’association Art ski Tech se donne pour vocation le détournement massif des skis de l’incinération ! Elle  a été créée en 2018 autour du concept de dômes géodésiques dont la structure est composée de skis de récupération. Un CA d’une dizaine de personnes au profil varié (universitaires, ingénieur, électricien…) impulse plusieurs autres types de projets dont un projet pilote, suite à la mise en relation avec Daniel Bouchet, du hangar de Terres Solidaires à Planaise, pour lequel la charpente a été faite en partie avec des fermettes en ski. »

« A l’atelier, l’équipe réalise des tests mécaniques de charge. En effet des bancs d’essai sont nécessaires pour développer d’autres projets (supports d’ombrières solaires par exemple) et aller vers une classification des skis réutilisés en fonction de leur résistance mécanique et demain leur homologation en tant que matériau de construction. »
« Nous souhaitons pouvoir développer le matériau ski, résistant, léger et imputrescible, pour de l’autoconstruction par exemple, en créant  des références du matériau tant en résistance mécanique qu’en critères colorimétriques pour élaborer des chartes graphiques esthétiques sur les bardages. L’objectif est bien d’exister sous un modèle économique viable, d’obtenir des homologations  et de monter en puissance sur les 2-3 ans à venir. »

Ce bardage est une première pour ArtSkiTech et permettra d’être un support d’étude pour analyser le comportement des skis dans le temps.

Cf le site Art Ski Tech avec leurs autres produits : dômes géodésiques (habitat temporaire, évènementiel…) mobilier en skis (chaises, bancs, porte-manteaux), mobilier de communication (kakémonos, présentoirs…). 

Pose du bardage ski à l'ASDER

Pose du bardage ski à l’ASDER

Hangar de Terres Solidaires à Planaise- Credit Photo Art Ski Tech - extraite de la video https://vimeo.com/488727309

Hangar de Terres Solidaires à Planaise- Credit Photo Art Ski Tech – extraite de la video https://vimeo.com/488727309

Et la suite pour l’ASDER ?

La question se pose désormais du développement d’une telle filière mais aussi plus largement de l’économie circulaire engendrée par le concept de réhabilitation performante de bungalows vétustes.  Véritable moyen de lutte contre les émissions  de GES, cette réflexion a toute sa place et est en cours à l’ASDER, un prochain article fera le point sur ce projet piloté par Daniel PATARD, salarié de l’ASDER.

 

Sommaire des différents articles sur ce projet :