La sobriété énergétique, levier crucial pour une transition durable

EFFICACITÉ VERSUS SOBRIÉTÉ

L’efficacité énergétique renvoie à la diminution des consommations unitaires des équipements. Ainsi, isoler ses murs permet de moins consommer d’énergie pour chauffer ou refroidir  et participe à l’efficacité énergétique de l’habitat.

La sobriété énergétique, quant à elle, renvoie à la diminution de nos consommations collectives et individuelles en changeant nos comportements et nos modes de vies. Se rendre au travail en vélo plutôt qu’en voiture, supprimer les éclairages des enseignes lumineuses la nuit ou encore réparer plutôt que racheter : autant de changements qui participent à la sobriété énergétique.

LA SOBRIÉTÉ AU CŒUR DES SCÉNARIOS DE TRANSITION

La sobriété est l’un des piliers des scénarios énergétiques publiés par négaWatt (association qui œuvre pour une transition énergétique réaliste et durable), RTE (gestionnaire du Réseau de Transport d’Électricité français) et l’ADEME (Agence de la transition écologique)

Ces scénarios sont basés sur trois leviers d’actions : la sobriété énergétique, l’efficacité énergétique et la production d’énergies renouvelables. Si l’on prend l’exemple du chauffage, l’efficacité énergétique reviendrait par exemple à isoler son logement (améliorer l’efficacité de l’enveloppe), la sobriété énergétique reviendrait à ne pas excéder une température de 20° dans le logement et la production d’énergies renouvelables serait de remplacer sa chaudière fioul par une chaudière à bois.

 

La sobriété énergétique fait partie intégrante de ce trio et est fondamentale pour réussir la transition. Tout d’abord, il n’est pas envisageable dans nos modes de vie actuels de fournir l’ensemble des besoins en énergies renouvelables : il est nécessaire de réduire nos besoins énergétiques superflus pour parvenir peu à peu à du 100% renouvelables. Ensuite parce que « les progrès réalisés grâce à l’efficacité énergétique […] ont été en partie annulés par le manque de sobriété ». Par exemple, nos maisons neuves sont mieux isolées mais la surface par habitant est plus grande, surface supplémentaire qu’il est nécessaire de chauffer !

LES AXES STRATÉGIQUES DE LA SOBRIÉTÉ

Virage énergie, association qui œuvre pour la transition vers une société sobre en énergie et en ressources naturelles, propose 6 axes stratégiques pour atteindre la sobriété énergétique. En voici quelques-uns :

  • Passer de la surabondance à la suffisance matérielle
    Trouver un équilibre plus raisonné entre consommation superflue et satisfaction des besoins est un levier majeur pour parvenir à une société sobre en énergie.
    Exemples : Réparer un grille-pain, acheter de la seconde-main…
  • Passer de la propriété aux services partagés
    Privilégier l’usage d’un bien plutôt que sa propriété et ainsi favoriser le partage et la mutualisation pour limiter la surconsommation.
    Exemples : le co-voiturage, les habitats partagés, mise en commun de matériels acquis…
  • Passer du culte de la vitesse à la mobilité économe
    De manière générale, cela implique le ralentissement de nos modes de vie et de nos modes de consommation.
    Exemples : se laisser tenter par le slow tourism, raccourcir les distances parcourues, privilégier les modes doux.
  • Passer de l’artificialité à l’adéquation nature-culture

Une société sobre énergie c’est également une société reconnectée à son environnement. Exemples : consommer une alimentation moins transformée, locale, de saison, plus végétale…

QUELS FREINS A LA SOBRIÉTÉ ?

La sobriété énergétique, contrairement à l’efficacité, questionne nos modes de vies et le confort offert par une société de surconsonsammation. Elle rassemble ainsi beaucoup de freins au passage à l’action.

Dans le dossier « Sobriété incontournable » du CLER, Stéphane La Branche, sociologue du climat détaille pourquoi la sobriété énergétique n’est pas aussi bien vue que sa comparse l’efficacité énergétique.

La sobriété est très loin de nos modes de vie actuels : elle est perçue comme un retour en arrière, en opposition à la notion de progrès, maître mot de nos sociétés. Elle est vue comme un renoncement à notre confort actuel, un « retour à la bougie ».

Aussi, pour opérer une transition vers une société sobre en énergie, il est nécessaire de changer de paradigme et re-questionner l’entièreté de nos modes de vies, de consommation, de rapport à notre environnement.

Au-delà de la difficulté à « s’arracher à notre confort physique, émotionnel et cognitif », cette transition est une charge mentale au quotidien (acheter local, moins chauffer…), qui n’est pourtant pas récompensée par d’énormes gains individuels.

Pour le sociologue, l’important est d’accompagner positivement à la sobriété énergétique : il ne s’agit pas d’incriminer la voiture, mais de proposer des infrastructures de modes de transports en communs et doux viables. Il est nécessaire, pour que le pas soit franchi, que la sobriété soit attrayante : prendre le vélo doit être plus confortable, rapide, économique et plaisant que prendre la voiture.
Cela s’accompagne donc obligatoirement de politiques publiques qui permettent de faciliter la transition.

POUR ALLER PLUS LOIN

Incontournable sobriété
LE CLER – Notre énergie N°133

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La sobriété énergétique : Pour une société plus juste et plus durable
négaWatt – Dossier

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La sobriété énergétique
Virage Énergie – Fiche synthèse

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